Moujik Palace. béton, moteur, bois polychrome, ficelle, sciure, son


Ce que vous ne pouvez ni voir ni entendre : chaque morceau de bois coloré tourne sur lui-même à raison d’une trentaine de rotations par minute. Dans les copeaux de bois qui jonchent le sol se trouve un dispositif diffusant « l’Internationale » version manège d’enfant.

Le titre de l’installation positionne les enjeux dans le domaine du politique et du social, la mise en présence de deux termes que tout oppose « palace » et « moujik » fait ressurgir des notions de lutte de classe. Le cercle d’acier remplit de sciure de bois fait référence à la piste du cirque, avec ses animaux qui y tournent en rond, mais aussi à la notion de mort par exécution capitale. Les trois monolithes de béton tentant de monter vers le firmament, en trois arcs emphatiques exposent des souvenirs de dictatures aux volontés architecturales pompeuses. Les branches de bois « besognant » fières et seules, chacune dans leur cavité, renforce l’idée d’une classe ouvrière industrieuse. La position des tiges de bois dressée vers le ciel comme en érection conduit la pensée vers d’improbables jours de « liesse » et de défilés sur les boulevards moscovites. Les petits blocs de béton ficelés grossièrement servent à la fois de contrepoids aux bois, mais renferment aussi ce qui anime les branches. La musique sortant du tumulus de sciure, est suave voire douceâtre, même si nous y reconnaissons  « l’Internationale », celle-ci a perdu son agressivité conférée par les cuivres, remplacés par des sons tubulaires d'un petit orgue ou d'un pipeau…